Crise du 7 février 1986 : ses conséquences

Crise du 7 février 1986 : ses conséquences

Voilà maintenant trente-sept ans depuis la chute de la dynastie des Duvalier ! Un régime qui comprend, d'abord, François Duvalier (Papa Doc), ensuite, Jean-Claude Duvalier (Baby Doc), qui a succédé à son père au titre de président à vie, a passé plus de vingt-neuf ans au pouvoir. Ce gouvernement est accusé d'avoir commis toutes sortes de crimes contre le peuple haïtien, tels que les persécutions politiques, les viols, les vols, les arrestations arbitraires, les tortures, les exécutions sommaires, les emprisonnements, les déportations, les assassinats et les enlèvements. Fatiguée de vivre dans la misère et de faire face aux exactions du régime, la population a décidé de sortir de la situation de résilience dans laquelle elle se trouvait pendant 29 ans, pour se soulever contre ce régime.

Suite à ce soulèvement, la constitution adoptée le 29 mars 1987 par référendum populaire désigne la date du 7 février comme une force symbolique, signifiant pour la personne élue qu'elle accepte de s'engager dans une véritable transition démocratique en rupture avec le règne arbitraire. Cela signifie que le 7 février est considéré comme une étape importante dans la lutte démocratique en Haïti. Cependant, la conjoncture de crises qui persiste depuis près de 5 ans jusqu'à nos jours témoigne de la non-application de la constitution.

Par ailleurs, bien avant ce soulèvement, la situation de la population était fragile et précaire, causée par le système de corruption des Duvalier. En effet, après cette chute, la situation est restée inchangée et est devenue de plus en plus difficile sur le plan politique, économique et idéologique. Il est également constaté qu'avec la crise sécuritaire que traverse le pays, où des gangs armés encerclent la ville en contrôlant les routes d'accès et de sortie, l'économie du pays sombre dans une récession incontrôlable, et l'instabilité politique, considérée comme l'ennemi du développement, demeure inchangée. Cette instabilité politique provoque également des effets néfastes sur le plan idéologique, car de nombreuses personnes sont assassinées uniquement pour leurs idées. Une situation qui explique le mépris de la liberté d'expression en Haïti.

Encore aujourd'hui, la société haïtienne porte les cicatrices du duvaliérisme. Depuis les mandats de Jean-Bertrand Aristide dans les années 1990 et 2000, le pays fait face à une crise multidimensionnelle : sociale, économique, politique, institutionnelle. Puis, avec les régimes qui ont suivi, la situation du pays s'est détériorée au point de devenir explosive. En fait, bien que l'un des handicaps du pays ait toujours été l'impunité, sous certains régimes, il est devenu l'un des problèmes fondamentaux en Haïti. Ce sont des éléments qui prouvent que l'avenir de la démocratie et de l'État de droit est menacé dans le pays. En effet, c'est cette même banalisation de la justice qui a provoqué, il y a exactement dix-neuf mois, l'assassinat du président Jovenel Moïse au pouvoir. Ainsi, avec le système judiciaire en dysfonctionnement, le crime commis sur la personne du président Jovenel Moïse dans la nuit du 7 juillet 2021 risque d'être passé sous silence.

Enfin, il est possible de dire que la situation actuelle du pays est le résultat à long terme de la crise du 7 février 1986 et à court terme des régimes qui ont succédé, et qui ont utilisé le pouvoir politique uniquement à des fins d'enrichissement, par le biais de la corruption et de groupes armés. Pour freiner cette crise, il faut que tout le monde se sente concerné par ce que traverse le pays, afin d'être en mesure de penser aux moyens indispensables pour freiner cette situation chaotique, devenue chronique, accompagnée d'une insécurité omniprésente dans la majeure partie du pays. Dans ce contexte, quelles seraient les méthodes applicables nécessaires pour faire face à cette crise qui ravage le pays?


Immacula JEAN