7 déc., 2025

Quand le vacarme des armes fait taire les livres !

Quand le vacarme  des armes fait taire les livres !

Le 1er avril 2024, vers 4h de l’après-midi, comme une blague de mauvais gout, le campus du Petit Séminaire Collège Saint-Martial où est logé la Bibliothèque Haïtienne des Spiritains (BHS) est attaqué par la coalition de gangs armés dénommé « Viv Ansanm ». Après avoir «neutralisé les deux gardiens», les assaillants «ont commencé à brûler des véhicules parqués dans la cour et à vandaliser l’espace». Pendant plus de 6 heures de temps, les bandits ont continué à piller, incendier, voler, pendant que les prêtres et le personnel qui étaient présents sur les lieux se terraient pour éviter des violences. Heureusement dans cette première attaque les locaux de la BHS n’ont pas été visités. Rapidement malgré le traumatisme, les responsables ont réagi pour déménager le matériel et des documents sensibles. Car, il était prévisible que d’autres attaques auraient eu lieu dans les jours qui suivraient. Ce qui s’est avéré être le cas. «Une situation hors de contrôle» En proie à une situation économique catastrophique, doublée d'une crise politique, Haïti est devenu le terrain d'une guerre des gangs dévastatrice. Les citoyens sont exposés à la violence, mais aussi les institutions et infrastructures de Port-au-Prince, la capitale. La situation du pays se détériore et ce n'est pas sans conséquence sur le patrimoine documentaire. Des centres culturels et des bibliothèques du pays, situés dans des zones contrôlées par des bandes armées souffrent de l’insécurité. Ceux qui n’ont pas été attaqués, pillés et brulés ont cessés de fonctionner. Situé à quelques mètres du palais national et du quartier général des forces armées d’Haïti qui aurait pu penser que le local du Campus serait en danger. Qui aurait pu imaginer ce déchainement de violence contre ce temple de l’éducation et de la culture. Cette attaque symbolise le moment où la violence prend le pas sur la culture, la pensée et le savoir. Les armes sont le symbole de la suppression de la liberté de penser et de s'exprimer librement. Lorsque la violence domine, la parole et les idées sont réduites au silence. De l’espoir malgré les défis Contre vents et marées, la BHS tient bon pour continuer avec ses missions de conservation, de diffusion et de promotion du patrimoine haïtien. Détruite en 2010 par le tremblement de terre du 12 janvier, elle a été reconstruite en 2018 et recommencée à fonctionner en 2019. La BHS s’impose comme un symbole de résistance et de résilience. Elle utilise cette période de troubles comme un tremplin pour mettre l’accent sur l’aspect numérique de la bibliothèque en travaillant sur son site web et l’alimentation de son catalogue en ligne. Si pour le moment le public ne peut venir vers nous, la BHS par le biais de son site ira virtuellement vers lui. Aujourd'hui c'est sur le net qu'elle ouvre ses portes, malgré la précarité et le chaos la sauvegarde des documents témoins de notre mémoire reste un rempart contre l’ignorantisme. « Nous sommes comme le roseau, Il se courbe quand il est attaqué, il s’efface quand cela est nécessaire, mais il ne se casse pas ». Islande E.