7 avril, 2022

Toussaint Louverture : Au Nom de la Dignité 1743-1803

Toussaint Louverture : Au Nom de la Dignité 1743-1803

Le 7 avril 1803, au Fort de Joux dans le Doubs en France, décède celui qui a guidé Saint-Domingue vers la liberté, un an avant que la colonie ne devienne indépendante sous le nom de Haïti.

Toussaint Louverture

Qui était ce nègre extraordinaire, génie militaire, génie administrateur, diplomate de premier ordre ? D'où venait-il, ce géant qui savait si bien utiliser les circonstances, frapper au bon moment, fermer son cœur quand il le fallait, dans l'intérêt de sa race ? Quelle était l'histoire de cet homme, né dans l'esclavage, et qui savait se battre comme en jouant les fiers soldats de la Grande Europe, et faisait plier l'orgueil de l'Angleterre ? Qui enfin allait raconter la vie et les actes de l'Esclave devenu soudain l'un des plus grands hommes que le monde eut jamais produits ? François Dominique Toussaint (Toussaint Louverture) .- Il passera en un demi-siècle du statut d'esclave à celui de maître et libérateur de la colonie, vainqueur des Espagnols et des Britanniques. Il naquit dans l'esclavage le 20 mai 1743 à la plantation de Bréda près de Cap-Français (aujourd'hui Cap-Haïtien). Ses ancêtres étaient originaires du Bénin. Il exerça la fonction de cocher sur la plantation de Bréda au Haut-du-Cap, avant d'être affranchi à l'âge de trente-trois ans. Il devint ensuite propriétaire de sa propre exploitation de café et d'une dizaine d'esclaves quelques années plus tard.

SON EMERGENCE

Le 14 août 1791, sous l'égide de Dutty Boukman, George Biassou et de Jean-François Papillon, les esclaves du Nord, révoltés par leur condition et poussés par l'élan révolutionnaire venu de métropole, entrèrent en insurrection contre l'oppression coloniale lors de la cérémonie de Bois Caïman, acte fondateur de la Révolution haïtienne. Toussaint, alors âgé de 48 ans, s'engagea aux côtés des insurgés en tant que médecin, grâce à ses connaissances homéopathiques. Son intelligence, son autorité naturelle et sa bravoure au combat lui permirent de devenir rapidement le premier lieutenant de Biassou et d'obtenir le grade de colonel. Il mena la révolte des siens contre l'oppression des chaînes et la violence coloniale de l'Empire français, réaffirmant par la voie des armes le droit inaliénable des humains à la liberté.

En 1793, la promulgation de l'abolition de l'esclavage sur l'île de Saint-Domingue le fait changer de camps. Il s'oppose alors victorieusement aux Espagnols en tant que général puis général en chef des armées françaises de Saint-Domingue.

En 1798, il signe le traité d'évacuation de l'île par les Espagnols et les Anglais. Il se nomme gouverneur à vie de Saint Domingue et proclame en 1801 l'indépendance du territoire et offre à son peuple une constitution de progrès. Bonaparte alors envoie une troupe de vingt-cinq mille hommes pour contrer son pouvoir. À l'annonce du rétablissement de l'esclavage le 20 mai 1802, les combattants de l'île durcissent les combats.

Le fort de joux

SA MORT

Trahi par l'Empereur Bonaparte qui faillit à sa parole, et refusa d'accepter le cours de l'histoire, Louverture fut arrêté le 7 juin 1802 alors qu'il était invité à négocier une amnistie. Il est embarqué sur le navire, "le Héros" qui appareille vers la France arrive en rade de Brest le 9 juillet. Le 13 août, il est transféré au Fort de Joux où il arrive le 23 août 1802. Miné par la maladie, isolé dans un cachot rigoureux du Fort de Joux avec un lit de bois minuscule sous une longue voûte de pierre que rien ne saurait réchauffer. La seule fenêtre est murée comme s'il fallait ajouter les ténèbres à la claustration. Il s'éteint le 7 avril 1803. Cependant, bien que mort, ses paroles célèbres : "En me renversant, on n'a abattu que le tronc de l'arbre de la liberté. Mais il repoussera car ses racines sont profondes et nombreuses." eurent désormais leur accomplissement puisque la lutte continua et le 18 novembre 1803, les troupes françaises sont défaite à Saint-Domingue et l'indépendance de Saint Domingue rebaptisée Haïti est proclamée en 1804.

En 1817, dans le mémorial de Sainte-Hélène Napoléon reconnut sa défaite en ces termes : "L'affaire de Saint-Domingue a été une grande sottise de ma part. C'est la plus grande faute que j'aie commise en administration. J'aurais dû traiter avec les chefs Noirs comme avec les autorités d'une province, laisser comme Vice-Roi Toussaint-Louverture".

La cellule de Toussaint

Comme l'eut à dire Aimé Césaire : Quand le Nègre Toussaint surgit pour la première fois sur la scène politique, « bien des mouvements d'émancipation étaient en train de naître : mouvement des colons blancs vers l'autonomie et la liberté commerciale, mouvement des mulâtres vers l'égalité sociale, mouvement des Noirs vers la liberté tout court. Quand Toussaint Louverture vint, ce fut pour continuer, unir et achever ces mouvements, pour montrer qu'il n'y a pas de race paria, qu'il n'y a pas de pays marginal, qu'il n'y a pas de peuple d'exception. On lui avait légué des bandes d'esclaves. Il en avait fait une armée. On lui avait laissé une jacquerie. Il en avait fait une révolution. On lui avait laissé une population. Il en fait un peuple. On lui avait laissé une colonie, il en fait un État, mieux une Nation."

BHS HAITI

Sources : Jean Fouchard, Les marrons de la liberté, Paris, Éditions de l'École, 1972, Toussaint Louverture par Wendell Phillips Victor Schœlcher, Conférence sur Toussaint Louverture, général en chef de l'armée de Saint-Domingue https://journals.openedition.org/etudescaribeennes/20979 https://www.musee-armee.fr/ https://www.abolitions.org/ https://www.letemps.ch Bibliothèque haïtienne des spiritains Plus +